Alors que la RE2020 a récemment vu le jour, les acteurs du bâtiment sont de plus en plus pressés de mesurer et d’évaluer l’impact environnemental des nouvelles constructions. Pour cela, il sera désormais nécessaire de réaliser des analyses de cycle de vie du bâtiment de façon holistique, en tenant compte de l’impact environnemental global du projet, de l’extraction des matières premières à leur valorisation en fin de vie.
Qu’est-ce que l’ACV ? Quelles sont les étapes clés pour réaliser ce calcul ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.
Qu’est-ce que l’ACV ?
L’ACV bâtiment, ou Analyse du cycle de vie du bâtiment, est une méthodologie d’évaluation de l’impact environnemental d’un bâtiment tout au long de son cycle de vie. Elle vise à quantifier les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie, la consommation d’eau et d’autres indicateurs environnementaux, depuis l’extraction des matières premières nécessaires à sa construction jusqu’à sa démolition ou sa réhabilitation.
Le but est d’évaluer de manière holistique et quantitative les impacts environnementaux d’un bâtiment, afin de favoriser des choix de construction et de gestion plus durables et respectueux de l’environnement.
C’est la méthodologie qui fait référence sur ce sujet au niveau international et qui a fait l’objet de deux normes ISO 14040 et ISO 14044.
Quelles sont les phases à prendre en compte dans un calcul ACV ?
Nous le disions, l’ACV bâtiment s’intéresse au cycle de vie dans sa globalité. Il va donc falloir tenir compte des différentes étapes de la construction d’un bâtiment, de la production des matières premières à la valorisation des déchets en fin de vie.
Un cycle de vie qui se découpe en 5 phases, détaillées dans la norme française NF EN 15978 :
- Production (A1-A3) : Ce stade comprend l’acquisition des matières premières, le transport vers l’usine de transformation et la fabrication du produit manufacturé.
- Construction (A4-A5) : À ce stade, le produit est transporté vers le chantier, et les matériaux et produits finis sont utilisés lors du processus de construction et d’installation.
- Utilisation (B1-B7) : Cette étape couvre la durée d’utilisation du bâtiment, incluant l’utilisation, la maintenance, la réparation, le remplacement des matériaux et produits finis, ainsi que les consommations d’énergie et d’eau pendant cette période.
- Fin de vie (C1-C4) : À la fin de sa vie utile, le bâtiment est déconstruit, les matériaux et produits finis sont transportés vers des lieux de valorisation ou d’élimination, puis ils sont traités et éliminés.
- Bénéfices et charges au-delà du cycle de vie (D) : Ce dernier point concerne la valeur potentielle du produit pour un nouveau cycle de vie, ainsi que les impacts positifs et négatifs qui peuvent en découler.
Les étapes du calcul ACV dans le cadre de la RE2020 et de l’indicateur IC construction
Nous l’avons vu par ailleurs, les objectifs de la RE2020 sont de diminuer l’impact carbone des bâtiments, poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et en garantir la fraîcheur pendant les étés caniculaires.
Dans ce cadre, le calcul ACV est un outil puissant pour contrôler l’impact d’une construction à différents moments du projet. Il va permettre de calculer l’un des indicateurs clés de la RE2020, le coefficient IC construction (indice carbone construction). Cet indicateur reflète l’impact sur le changement climatique des composants du bâtiment (matériaux et équipements) et du chantier.
Lors du calcul de l’IC construction dans le cadre d’un concours, il est essentiel d’affecter les bons matériaux et équipements aux bons quantitatifs pour estimer avec précision l’impact environnemental d’un projet de construction. Voici quelques étapes clés pour y parvenir :
- Analyse du projet : Commencez par analyser en détail le projet, en vous familiarisant avec les plans, les spécifications techniques et les exigences réglementaires. Cette étape vous permettra de comprendre les besoins du projet en termes de matériaux et d’équipements.
- Identification des matériaux et équipements : Identifiez les principaux matériaux et équipements utilisés dans le projet, en tenant compte des éléments structurels, des enveloppes du bâtiment, des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC), de l’éclairage, de la plomberie, des finitions, etc.
- Quantification des matériaux et équipements : c’est certainement l’une des étapes les plus fastidieuses du calcul, mais pourtant l’une des plus importantes. Fastidieuse car vous êtes souvent tributaire d’une personne tierce qui doit vous fournir les quantitatifs. Et dans le cas où vous les déterminez vous-même, il est nécessaire de passer par des calculs d’estimation. Pour chaque matériau et équipement identifié, vous allez devoir estimer les quantités nécessaires en fonction des plans et des spécifications techniques du projet. Cette estimation peut être réalisée à l’aide de logiciels de métré ou de méthodes manuelles. Dans tous les cas, il est important d’être rigoureux et transparent sur les méthodes employées.
Dans la mesure du possible, il faut appliquer des matériaux sur la totalité des quantitatifs. C’est la fiabilité du calcul qui en dépend. Un projet livré représente en général entre 200 et 250 fiches environnementales (FDES ou PEP). Pour estimer la fiabilité du calcul entre les différentes phases du projet, le nombre de fiches est un bon indicateur.
- Choix des matériaux et équipements à faible impact carbone : Analysez les différentes alternatives de matériaux et équipements disponibles sur le marché en termes d’impact carbone. Optez pour ceux ayant le plus faible impact carbone, tout en respectant les exigences de performance et les contraintes budgétaires du projet. Ici, il faut savoir choisir ses combats pour identifier ce qui aura le plus d’impact et le meilleur ROI. L’utilisation de matériaux biosourcés, généralement plus coûteux, doit être réfléchie pour avoir un impact maximum sur le calcul.
- Utilisation de la base de données INIES : La base de données INIES fournit des informations sur les caractéristiques environnementales des matériaux et équipements de construction, y compris les données sur l’impact carbone.
- Calcul de l’IC construction global, en intégrant l’IC chantier : Il faudra ensuite comparer cette valeur aux exigences réglementaires et aux objectifs environnementaux du concours pour évaluer la performance environnementale du projet.
- Optimisation du projet : si nécessaire, ajustez la sélection des matériaux et équipements ou la conception du projet pour réduire l’IC construction global et améliorer la performance environnementale.
En suivant ces étapes, vous pourrez affecter les bons matériaux et équipements aux bons quantitatifs en phase concours, afin d’obtenir une estimation précise de l’IC construction et de maximiser la performance environnementale du projet.
Conclusion
Nous l’avons vu par ailleurs, la RE2020 est récemment venue bouleverser les pratiques des différents acteurs du secteur du bâtiment. Parmi les nouveautés de cette réglementation, la performance d’un bâtiment n’est plus évaluée sur sa phase d’exploitation mais sur la durée de vie complète des différents éléments qui le composent.
C’est pour cela que le calcul ACV a pris et prendra de plus en plus d’importance dans la conception de nouveaux projets.
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