Le secteur de la construction joue un rôle central dans la lutte contre le changement climatique, et les matériaux biosourcés s’imposent comme des solutions durables pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments. En réponse à cette urgence écologique, le Label Batiment Biosourcé a franchi une étape décisive en 2024, avec des critères révisés qui mettent l’accent sur le carbone biogénique stocké dans les matériaux. Ce label, qui récompense l’utilisation de matériaux issus de la biomasse, s’aligne désormais pleinement avec la RE2020, une réglementation clé dans la transition vers des bâtiments bas carbone.
Dans cet article nous vous expliquons quels sont les nouveautés du Label Batiment Biosourcé 2024.
Le label Bâtiment biosourcé
Créé en 2012, le label Bâtiment Biosourcé valorise les constructions qui intègrent une proportion importante de matériaux biosourcés. Son objectif est de promouvoir des pratiques de construction respectueuses de l’environnement, en s’appuyant sur des ressources renouvelables telles que le bois, le chanvre, ou la paille. Le label repose sur un taux minimal de produits biosourcés, exprimé en kilogrammes par mètre carré de surface de plancher, avec trois niveaux de certification : bronze, argent et or.
Un nouveau focus : La quantité de carbone biogénique stocké
La révision majeure introduite au 1er septembre 2024 concerne l’évaluation de la quantité de carbone biogénique stocké dans les matériaux, en lieu et place de la masse de matériaux biosourcés.
Ce nouveau calcul, exprimé en kgC/m² SHAB (kilogrammes de carbone par mètre carré de surface habitable), permet une évaluation plus précise de la contribution des matériaux biosourcés à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cette approche est en phase avec les exigences de la RE2020, qui impose des limites strictes en matière de carbone tout au long
Les nouveaux seuils de carbone biogénique
Les seuils de carbone biogénique définis par le label varient selon le type de bâtiment et sont répartis en trois niveaux :
Bâtiment d’habitation :
- 1er niveau : 15 kg de carbone biogénique/m²
- 2e niveau : 25 kg de carbone/m²
- 3e niveau : 45 kg de carbone/m²
Bâtiments industriels, de stockage, et de services de transport :
- 1er niveau : 4 kg de carbone/m²
- 2e niveau : 6 kg de carbone/m²
- 3e niveau : 9 kg de carbone/m²
Autres usages :
- 1er niveau : 12 kg de carbone/m²
- 2e niveau : 20 kg de carbone/m²
- 3e niveau : 36 kg de carbone/m²
Ces nouveaux seuils permettent de mieux adapter le label aux réalités des différents types de projets tout en assurant une valorisation claire des bâtiments qui utilisent des matériaux à fort potentiel de séquestration de carbone.
Exigences supplémentaires
En plus des seuils de carbone biogénique, le label impose des critères sur la diversité des matériaux biosourcés utilisés :
- 1er niveau : Utilisation de produits biosourcés remplissant au moins deux fonctions différentes
- 2e niveau : Utilisation de produits biosourcés remplissant au moins deux fonctions différentes, dont l’isolation
- 3e niveau : Utilisation de produits biosourcés remplissant au moins trois fonctions différentes, dont l’isolation
Autres caractéristiques
- Pour atteindre le 2e ou le 3e niveau du label, il n’est plus nécessaire de mettre en œuvre au moins deux familles de produits biosourcés.
- Les matériaux biosourcés utilisés doivent répondre à des critères de qualité, notamment pour le bois et ses dérivés qui doivent être issus de forêts gérées durablement.
Qu’est-ce que le carbone biogénique ?
Le carbone biogénique désigne le carbone capturé par les plantes durant leur croissance, par le biais de la photosynthèse. Ce carbone est stocké dans les fibres des matériaux biosourcés comme le bois, le chanvre, ou le mycelium, et reste piégé tant que le matériau est en place. En construisant avec ces matériaux biosourcés, on crée des bâtiments qui deviennent eux-mêmes des puits de carbone, une stratégie naturelle pour compenser une partie des émissions de gaz à effet de serre générées par d’autres secteurs.
Le fait d’utiliser des matériaux biosourcés, au-delà de leur performance énergétique, permet de :
- Séquestrer le carbone : Le carbone capturé par la biomasse reste stocké tout au long de la durée de vie du bâtiment, réduisant ainsi l’empreinte carbone des constructions.
- Encourager des pratiques durables : Les matériaux biosourcés proviennent souvent de pratiques agricoles ou forestières durables, favorisant une gestion responsable des ressources naturelles.
- Réduire l’impact des chaînes logistiques : Beaucoup de matériaux biosourcés sont produits localement, ce qui réduit les émissions liées au transport et limite l’énergie grise nécessaire à leur production.
L’Importance des matériaux biosourcés dans la transition écologique
Les matériaux biosourcés ne se limitent pas à être de simples alternatives aux matériaux traditionnels. Ils apportent des réponses concrètes aux défis environnementaux actuels. Leur polyvalence leur permet d’intervenir dans de nombreux aspects du bâtiment : structures, façades, revêtements, isolation, et même des éléments techniques comme l’étanchéité. En adoptant ces matériaux, les projets immobiliers gagnent en performance environnementale, tout en respectant les objectifs de réduction des gaz à effet de serre fixés par la France.
Carbone biogénique et Stock C : Un alignement avec la RE2020
Dans la RE2020, la quantité de carbone biogénique stocké dans les matériaux est mesurée à travers l’indicateur Stock C. L’intégration de cet indicateur dans le label Bâtiment Biosourcé marque un alignement important avec la RE2020.
Ce rapprochement permet d’harmoniser les méthodes de calcul de la performance environnementale des bâtiments, en prenant en compte le stockage de carbone biogénique. Grâce à cet alignement, le label Bâtiment Biosourcé renforce sa pertinence et incite à l’utilisation de matériaux capables de séquestrer le carbone, contribuant ainsi aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur tout le cycle de vie des constructions.
Articles récents à découvrir sur le blog
Calculettes Excel : pourquoi elles freinent vos projets
Calculettes Excel : pourquoi elles freinent vos projets ACVDans le secteur de la construction durable, l’analyse du cycle de vie (ACV) des bâtiments est désormais un impératif pour répondre aux exigences environnementales, telles que la RE2020. Cependant, les méthodes...
Quelle est la répartition des produits biosourcés de la Base INIES ?
Quelle est la répartition des produits biosourcés dans la Base INIES ?Avec l'approche des nouveaux seuils 2025 et l'évolution du Label Bâtiment Biosourcé, l'importance du carbone biogénique dans les projets de construction est en pleine croissance. Afin de mieux...
Compacité des bâtiments et impact carbone
Compacité des bâtiments et impact carboneLa compacité des bâtiments est un levier essentiel dans la conception architecturale durable, influençant directement l'impact carbone des constructions. En tenant compte des exigences de la réglementation RE2020, cet article...