Dans un contexte où le BIM s’impose comme un levier d’optimisation incontournable dans le secteur de la construction, comment les acteurs BIM adaptent-ils leurs stratégies pour intégrer cette technologie ?
Quel est le niveau de maturité des acteurs BIM ?
Quelles sont les initiatives et l’état actuel de l’adoption du BIM à travers le monde, l’Europe et la France ?
Adoption du BIM dans le monde
Aux États-Unis, le BIM a débuté dans les années 1970, avant de gagner le reste du monde dans les années 1990. Aujourd’hui, un rapport de 2020 de l’American Institute of Architects indique que 51 % des cabinets d’architectes américains utilisent le BIM pour des travaux facturables, avec une adoption de 100 % dans les grandes entreprises et de 37 % dans les petites entreprises.
L’Australie exige que le BIM soit utilisé pour tous les projets d’infrastructure financés par le gouvernement d’une valeur de 50 millions de dollars australiens et plus depuis 2016.
L’adoption du BIM en Chine a fortement augmenté depuis 2016, avec une croissance exponentielle de son utilisation par les architectes et les entreprises. Le nombre d’architectes utilisant le BIM pour leurs projets a grimpé de 89%, et parmi les entreprises, cette augmentation atteint 108% depuis 2016, soulignant la valeur significative attribuée au BIM dans le secteur de la construction chinois.
À Singapour, le BIM joue un rôle central dans la transformation du pays en une nation intelligente. Soutenu par l’Autorité du bâtiment et de la construction (BCA) et buildingSMART Singapore, le BIM a été intégré dans le secteur de la construction grâce à une feuille de route ambitieuse lancée en 2010, visant une adoption du BIM par au moins 80% du secteur d’ici 2015. Cette initiative, renforcée par l’obligation de soumissions électroniques de plans BIM pour l’approbation réglementaire, a été complétée par des programmes de formation en Conception et Construction Virtuelles (VDC). Son but étant de pour promouvoir la collaboration et l’innovation dans la conception, la construction, et la gestion des installations, soutenant ainsi le développement de villes intelligentes.
Depuis 2014, Hong Kong a établi une feuille de route menant à un mandat BIM en 2017. Singapour exige des soumissions BIM électroniques depuis 2015.
En Corée du Sud, le BIM est obligatoire pour les projets publics de plus de 50 millions de $ depuis 2016.
La Malaisie a imposé le BIM pour les projets publics excédant 100 millions de RM en 2018.
Le Japon et la Chine ont également avancé vers l’adoption du BIM, avec des directives et des politiques gouvernementales publiées respectivement en 2020.
Au Moyen-Orient, les Émirats Arabes Unis (EAU) ont vu leur premier mandat BIM en 2013 lorsque la municipalité de Dubaï l’a rendu obligatoire pour tous les projets de 40 étages et plus. De même, le gouvernement d’Abu Dhabi a annoncé son désir de rendre obligatoire la technologie BIM d’ici 2019.
Au Maroc, l’adoption du BIM gagne du terrain, avec un intérêt croissant de la part des pouvoirs publics et de l’Agence Nationale des Equipements Publics (ANEP). Des projets emblématiques tels que le Grand Théâtre de Rabat et la Tour Mohammed VI ont été réalisés en utilisant le BIM. Parallèlement, l’offre de formations spécialisées s’étend dans des institutions prestigieuses. Ces initiatives soulignent l’engagement du pays vers la numérisation de ses processus de construction et la qualité de ses projets d’infrastructure.
Adoption du BIM en Europe
En 2007, la Finlande a été le premier pays européen à imposer le BIM, avec le lancement par Senate Properties des premières directives exigeant l’utilisation de fichiers IFC pour les nouveaux bâtiments. Suite à cela, une série d’initiatives gouvernementales en faveur du BIM a vu le jour en Europe.
La Norvège a emboîté le pas en 2008 avec une obligation d’Open BIM.
Elle a été suivie par le Danemark en 2011 pour tous les bâtiments publics, après avoir légalisé le BIM en 2007.
En 2012, les Pays-Bas ont lancé leur programme Open-BIM pour les infrastructures. Face à cette popularité croissante, une directive européenne sur les marchés publics a été introduite en 2014 pour encourager l’usage du BIM parmi les États membres.
Plusieurs pays européens ont mis en place un cadre réglementaire autour du BIM notamment grâce à deux évènements marquants l’année 2014 :
- La directive européenne (2014/24/UE-art.22.4) indique qu’il est possible d’exiger l’utilisation du BIM dans les marchés publics.
- Le format IFC est reconnu internationalement comme la norme pour l’échange de données entre logiciels dans le domaine du BIM, grâce à sa validation par l’ISO. Cette reconnaissance souligne l’importance de l’interopérabilité dans le BIM, considérée par la Commission Européenne comme un soutien marqué pour une approche du Open BIM.
En 2015, la Commission européenne a initié le groupe EU BIM Task Group pour évaluer les initiatives nationales en matière de BIM dans les différents États membres. Ce groupe a publié un guide en 2017, qui met en lumière les défis du BIM et compile les expériences et pratiques des pays participants.
En outre, l’Autriche a adopté des normes Open BIM basées sur l’IFC en 2015.
L’administration suédoise des transports, Trafikverket, a rendu le BIM obligatoire pour tous ses projets.
Au Royaume-Uni, la stratégie BIM est considérée comme la plus ambitieuse et radicale au monde. La conformité au BIM Niveau 2 est obligatoire pour tous les projets gouvernementaux depuis avril 2016, ce qui souligne l’importance du BIM dans le pays. Cette initiative a significativement accéléré l’adoption du BIM, avec un rapport national de 2018 indiquant que 20% de l’industrie a adopté le BIM depuis le mandat. Par ailleurs, près de trois quarts l’utilisent actuellement, marquant la plus forte croissance annuelle depuis 2014.
En Allemagne, face à l’évolution technologique, le gouvernement a lancé en 2015 la plateforme numérique du bâtiment. Il s’agit d’un groupe de travail BIM initié par diverses organisations de l’industrie pour élaborer une stratégie nationale BIM. Cette initiative gouvernementale vise à standardiser les descriptions de processus et d’équipements, développer des directives pour les méthodes de planification numérique, et proposer des modèles de contrats. L’Allemagne a imposé l’utilisation du BIM pour tous les projets de transport depuis 2020. Le gouvernement joue un rôle clé dans la promotion du BIM et envisage de le rendre obligatoire pour les projets d’infrastructure publique d’ici 2020.
En 2017 , la République Tchèque a lancé son programme BIM visant une obligation en 2022.
L’Espagne a introduit des mandats BIM pour les projets du secteur public à partir de 2018, avec une extension aux projets d’infrastructure en 2019. Le BIM sera obligatoire de manière progressive pour les marchés publics de 2024 jusqu’en 2030
Enfin, en 2021, la Fédération de Russie a publié un décret rendant le BIM obligatoire pour tous les contrats fédéraux à partir de 2022.
L’Irlande prévoit de rendre le BIM obligatoire pour les grands projets d’infrastructure dont les coûts varient entre 1 et 100 millions d’euros au cours des quatre prochaines années, à partir de 2024..
Focus sur l’adoption du BIM en France
En France, diverses initiatives ont été mises en place pour encourager l’adoption du BIM, notamment le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) et le Plan BIM 2022. Ces efforts visent à promouvoir la transition numérique du secteur de la construction en facilitant l’adoption du BIM parmi les professionnels.
2017 : Publication du Baromètre PTNB
Le baromètre du PTNB d’avril 2017 révélait qu’en France, 80 % des professionnels du bâtiment admettent ne pas avoir une connaissance suffisante du BIM et 65 % n’utilisent pas cette technologie. Cependant, en un an, l’utilisation du BIM est passée de 27% à 35% dans le secteur.
Résultats de la 2 ème édition du « Baromètre sur l’usage du numérique et du BIM par les professionnels de la
construction » du Plan BIM 2022
Le « Baromètre sur l’usage du numérique et du BIM par les professionnels de la construction », s’inscrivant dans le cadre du Plan BIM 2022, révèle une perception et une adoption croissantes du BIM dans le secteur. Les efforts de sensibilisation ont un impact significatif :
- 48% des acteurs de la filière sont convaincus que le BIM est un enjeu stratégique ou important pour leur activité.
- 66% de ceux qui travaillent en BIM sont convaincus de son utilité et de son importance.
- 17% ont déployé des actions en faveur du BIM dans leur entreprise.
Conclusion
L’adoption du BIM symbolise une opportunité stratégique pour innover et améliorer l’efficacité et la compétitivité dans le secteur de la construction. Avec une adoption croissante à l’échelle mondiale, le BIM se positionne comme un pilier de la transformation numérique du secteur. Pour Time to Beem, soutenir l’adoption du BIM et accompagner les professionnels dans cette transition est essentiel pour façonner l’avenir de la construction.
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